Paris – 2 octobre 2021
Diaporama. J’ai le plaisir de présenter mon reportage photo réalisé l’an dernier dans le campement d’exilés de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis.
Pendant trois mois, je me suis rendue plusieurs fois par semaine dans le campement, que j’ai vu s’agrandir de semaine en semaine. Les conditions de vie étaient sinistres. Il n’y avait qu’un point d’eau au bord du canal, avant que la mairie ne se décide, début octobre, sous la pression des associations, à en installer quelques autres. Il n’y avait pas de toilettes, qui n’ont été installées que vers la fin octobre, deux-trois semaines avant l’évacuation du 17 novembre 2020.
Les personnes souffraient de la faim et étaient dépendantes des distributions alimentaires, puis ont commencé à construire des baraques de cuisine, ou à faire la tambouille sur des braseros ou des feux de camp.
Certains exilés venaient de Suède, d’Allemagne, d’Autriche, où ils avaient été déboutés de l’asile, mais d’autres arrivaient de Somalie, du Soudan, d’Afghanistan. Ils venaient de faire la longue route, ils étaient exténués, parfois malades ou blessés, et au lieu d’être accueillis décemment en tant que demandeurs d’asile, ils survivaient dans ce campement en attendant une hypothétique prise en charge. Quand le froid et la pluie sont arrivés, la situation est devenue encore plus dure.
Si les associations (telle Solidarité Migrants Wilson) et les ONG (Médecins du Monde, Médecins sans Frontières) n’avaient pas été là pour compenser l’absence de l’État, je ne sais pas dans quelle situation se seraient trouvés les exilés. Et d’ailleurs, les associations ne peuvent pas pallier à tout. Début novembre, un Soudanais de 66 ans, Rufus, est mort dans le campement. Il était exténué, affamé et frigorifié.
Ensuite, lors de l’évacuation du 17 novembre, plusieurs centaines d’entre eux n’ont pas pu monter dans les cars prévus pour les emmener dans des lieux d’hébergement. Ils ont été repoussés dans les rues, le camp était détruit, les pelleteuses ratissaient tentes, couvertures et baraques de cuisine, et les laissés-pour-compte ont été chassés à coups de gaz lacrymo. Ça a été une expérience traumatisante pour eux mais aussi pour les militants d’associations qui les accompagnaient ainsi que pour les journalistes qui ont été pris ou ont assisté à cette chasse à l’homme dans les rues de Saint-Denis.
C’est de tout cela que j’essaie de rendre compte avec mes photos, mais je n‘avais pas encore eu l’occasion de les présenter. C’est l’Atelier de curiosité urbaine, un espace dirigé par l’artiste Ema Drouin, directrice de la compagnie Deuxième Groupe d’intervention, qui m’en a donné la possibilité. Le 2 octobre, puis tous les dimanches jusqu’à fin décembre, elle accueille le diaporama que j’ai réalisé:”Exilés à la Porte de Paris”.
Atelier de Curiosité urbaine
21 ter Bd de Stalingrad
92240 Malakoff
Tous les dimanches de décembre, de 15 heures à 20 heures.